GISÈLE FREUND (1908 - 2000)

GISÈLE FREUND
Passionnée de littérature, elle ne se destinait pas à priori à la photographie. Née à Berlin, elle étudie la sociologie à l'université de Francfort en 1935 mais doit fuir le régime nazi. Elle passera sa thèse de doctorat à la Sorbonne. Mais c'est avec l'appareil que son père lui avait offert qu'elle fera carrière. Une carrière à deux faces: des reportages en parcourant le monde pour Magnum et Life, et des portraits d'artistes, d'intellectuels et d'écrivains. Elle a été la première à utiliser couramment la couleur (dès 1938, l'année de l'invention du Kodachrome). Se disant "journaliste reporter photographe", elle insistait sur le fait que ses images étaient avant tout des documents. C'est l'une des rares photographes qui ait aussi écrit sur le sens de la photographie (Le Monde et ma caméra, 1970 ; Photographie et société, 1974; Mémoires de l'œil, 1977).
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Citations

  • On porte son visage devant soi comme un secret qu'on ne connaît pas. Notre déception devant notre photographie provient du fait que nous croyons nous connaître. Expliquez-moi pourquoi les hommes de lettres veulent toujours être photographiés comme les stars, et ces dernières comme les hommes de lettres.
  • Un photographe doit lire un visage comme la page d'un livre. Il doit déchiffrer aussi ce qui est écrit entre les lignes. On ne demande pas au photographe de créer les formes, mais de les reproduire. Dans la hiérarchie des artistes il se rapproche du traducteur. Un bon traducteur doit savoir écrire lui-même
  • Employée comme moyen d'extériorisation d'un souci créateur, [la photographie] est autre chose qu'une simple copie de la nature. Autrement les "bonnes" photos ne seraient pas si rares.
    Photographie et Société ,Editions du Seuil, Paris, 1974
  • Révéler l'homme à l'homme, être un langage universel, accessible à tous, telle demeure, pour moi, la tâche primordiale de la photographie.
  • J’ai toujours considéré le portrait comme un reportage.
  • Personne ne se voit tel qu'il paraît aux autres. Nous habitons notre visage sans le voir, mais nous exposons cette partie du corps au premier venu qui nous croise dans la rue. Nous nous regardons dans la glace, mais celle-ci reflète nos traits à l'envers. De plus, les pressions et les convenances de la société nous ont obligés à porter un masque pour cacher nos émotions, nos fatigues et nos désillusions. C'est pourquoi les visages ouverts des enfants nous émeuvent par leur innocence.
    Quand nous nous regardons, nous ne voyons pas seulement nos traits, mais aussi notre caractère, car le portrait que nous faisons de nous-mêmes est d'ordre psychologique plutôt que visuel. C'est la raison pour laquelle nous ne nous reconnaissons que rarement sur une photographie.
    Portrait d'Ecrivains et d'Artistes, Editions Bibliothèque Visuelle - Schirmer/Mosel, Munich/Paris, 1989.