JEANLOUP SIEFF (1933 - 2000)

JEANLOUP SIEFF
L'homme, qui se disait superficiel et frivole sans jamais convaincre, sinon de son sens de l'humour et de sa volonté de ne pas se prendre au sérieux, préféra commencer une carrière de photographe indépendant à l'âge de 21 ans plutôt que de s'éterniser sur les bancs de l'école. Très vite, il rejoint l'équipe de "Elle" à une période où la mode est en ébullition. Il a marqué de son empreinte toute une génération à travers son œuvre prolifique, touchant aux domaines de la mode, du paysage, de la publicité comme du portrait. Il avait l'amour des jeux de mots ("Demain, le temps sera plus vieux..") et restera un des rares photographes qui ait su écrire vraiment. Ses photographies sont reconnaissables entre toutes par la profondeur de leurs noirs, le sens du contraste, l'utilisation harmonieuse du grand angle, et une lumière apprivoisée avec une justesse rare. Les photos de Sieff témoignent de son inlassable quête pour saisir la beauté éphémère du temps perdu. Avec son complice Chenz, il concoctera un manuel de photographie ("La photo") aussi désopilant que sérieux, démystifiant la technique tout en l'enseignant.
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Citations

  • À trop vouloir analyser, on tue l'émotion.
  • Il n'y a pas de bons ou de mauvais sujets, il n'y a que la qualité du regard qui se pose sur eux.
  • Mes photos sont autant de petits cailloux noirs et blancs que j'aurais semés pour retrouver le chemin qui me ramènerait à l'adolescence.
  • Dans toutes les photographies, c'est bien du temps qu'il s'agit; du temps qui glisse entre les doigts, entre les yeux, du temps des choses et des gens, du temps des lumières et des émotions, du temps qui jamais plus ne sera comme avant.
  • Jamais la photographie ne pourra retranscrire avec fidélité tout ce que j'ai pu vivre et ressentir mais elle a sa vérité propre, différente, que je découvre toujours avec étonnement et surprise, comme si je n'en étais plus le responsable.
  • Le "moment" d'un paysage est aussi unique que celui d'un portrait, et souvent le photographe n'y est pour rien, sinon qu'il a été là au moment où il le fallait. Ensuite l'image vivra sa vie, enrichie par l'imaginaire de ceux qui la regarderont et par la nostalgie de celui qui l'a faite.
  • Je ne crois pas en Dieu, mais les femmes et les arbres sont la preuve de son existence. La représentation photographique ne sera, hélas, jamais fidèle au sentiment qui l'a fait naître, mais même dans son imperfection, elle est cette tentative, naïve, de retarder la mort, d'arrêter le temps sur un regard, une lumière, un moment privilégié, qui jamais plus ne seront semblables mais continueront à vivre gràce à elle, comme ces étoiles mortes depuis des millénaires, mais dont la lumière n'a pas encore fini de voyager vers nous pour nous montrer ce qu'elles furent.
    Demain le temps sera plus vieux - Contrejour, Paris, 1990