BRASSAÏ (Gyula Halász) 1899 - 1984

Brassaï
Après des études de peinture et sculpture à l'Académie de Budapest, et un passage dans l’armée austro-hongroise, Gyula Halász s'installe à Berlin en 1921, puis à Paris en 1924 pour y être journaliste. Il ne devient photographe qu'en 1930 et prend alors le nom de de sa ville natale (Brassaï signifie "de Brassó"). Il se consacre au Paris interlope et nocturne: les Halles, le canal Saint-Martin, Ménilmontant, Belleville.. qui deviennent un décor de théâtre où le sujet prédomine sur l'esthétique. Il s’intéresse aussi aux graffitis: Le surréalisme de mes images ne fut autre que le réel rendu fantastique par la vision, dira-t-il. Son premier recueil "Paris de nuit" paraît en 1932 et "Paris Secret" en 1972. Il pratique aussi l'écriture: "Souvenirs de ma vie", "Paris secret des années 30", "Conversations avec Picasso". Brassaï construit et met en scène une œuvre, sa propre vision du monde, mais reste avant tout "l'œil de Paris" comme le surnomma son ami Henri Miller. Il obtient en 1956, en tant que réalisateur, le prix du film le plus original au Festival de Cannes pour "Tant qu'il y aura des bêtes". En 1961 il cesse la photographie et se consacre à la sculpture.
: + d'infos.. (nouvelle fenêtre)     [ -1 ]    [ +1 ]

Citations

  • Ce que j'aime, c'est les photos où il y a un sujet très simple qui, par une saisie particulière, devient un objet de luxe. Moi je ne suis pas reporter. L'actualité ne m'intéresse pas. La vie quotidienne est plus bouleversante. Que Mr. Truman arrive à Paris, ce n'est pas la réalité. La concierge, la boulangère, des femmes qui font la queue à la boucherie, voilà la grande vie...
    Interview par Paul Guth, Le Figaro Littéraire, 9 avril 1949
  • Mais peut-on oublier que la photographie est aussi une tâche, une surface à remplir et que dans cette qualité elle est aussi tributaire de certaines exigences de l'esthétique?
    Et ceci, non pas pour faire de l'art, mais dans un but tout pragmatique: débarasser l'image de toute graisse superflue, dire avec toute la clarté ce que l'on a à dire, retenir et conduire l'œil avec autorité. Excepté des cas où toute l'émotion vient du sujet, aucune photographie ne peut produire son plein effet, devenir image définitive et immuable sans avoir respecté quelques règles élémentaires de l'art.
    tiré d'un texte écrit par Brassaï à la demande d'Edward Steichen pour l'exposition "Five French Photographers", MOMA, New York, et daté du 10 décembre 1951
  • Le photographe a le respect de son sujet, un respect qui touche presque à la vénération; un pouvoir d'observation aigu; la patience et la rapidité de l'aigle pour fondre sur sa proie; l'impulsivité; une prédilection pour l'humain par rapport à la simple "nature"; l'amour de l'éphémère; le sens du surréel caché derrière le réel; le mépris de la couleur et la joie de la retenue et de la sobriété du noir et blanc, ainsi que, finalement, le désir de dépasser l'anecdotique pour élever son sujet au rang de l'universel
    "Commentaire de Brassaï accompagnant la présentation de des photographies à l'exposition "Five French Photographers", MOMA, New York, 1951
  • J'aime le naturel: c'est que la personne vous regarde franchement. Le regard est ce qui est le plus important dans un visage. Il y a une espèce de solennité, de solitude quand on regarde un objectif. C'est presque de la sculpture. On devient marmoréen.
    Extrait du film Almasy, Jean Suquet, Brassaï, série "Chambre noire" de M. Tournier, A. Plécy, Cl. Fayard, 1964.