Née d'un père fonctionnaire anglo-indien et d'une mère aristocrate française, Julia Margaret Cameron s'installe en 1860 avec son mari retraité sur l'île de Wight. Elle y vivra entourée d'un cercle d'artistes et d'intellectuels. En 1863, sa fille aînée Julia Hay lui offre un appareil photo. Elle a alors 48 ans. Elle s'initie à la photographie, qui devient une passion dévorante. Très proche des préraphaélites, aux antipodes des préoccupations de perfection technique et de réalisme documentaire de ses contemporains, son approche est résolument artistique et laisse une place importante à l'imaginaire, la fiction, l'esthétique. Ses sujets vont de la mise en scène d'allégories poétiques ou de thèmes légendaires aux portraits de membres de sa famille, de voisins, de domestiques, mais aussi des célébrités et des artistes de son entourage. Des portraits au cadrage serré, combinant délicatesse, fragilité, mais aussi intensité psychologique – effets accentués par des choix plastiques tels que le flou dû à la longue pose, la concentration sur le centre de l’image, et un traitement subtil de la lumière. Largement critiquée par les milieux photographiques de l'époque, la valeur de son œuvre ne sera reconnue qu'à la publication de ses travaux par Alfred Stieglitz en 1913. On la considère aujourd’hui comme une artiste à part entière, pionnière résolument en avance sur son temps, précurseur du pictorialisme qui aura eu un impact notable sur la photographie moderne.
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Citations

• J'ai commencé sans le moindre savoir-faire. Je ne savais pas où placer ma boîte noire, ni comment orienter mon modèle, et ma première image je l'ai effacée à ma plus grande consternation en frottant ma main sur le côté enduit du verre. (JMC travaillait au collodion humide - ndlr)
• Dès le premier moment j'ai manipulé mon objectif avec une tendre ardeur, et il est devenu pour moi comme une chose vivante, avec une voix, une mémoire et une vigueur créative.
• Quand je mettais au point et quand j'arrivais à quelque chose qui, à mes yeux, était très beau, j'arrêtais alors, au lieu de tourner l'objectif jusqu'à une mise au point parfaite, ce que tous les autres photographes tiennent absolument à faire. (J.M.Cameron, Annals of my Glass House, 1874)
• Qu'est-ce qu'une mise au point ? Et qui a le droit de dire quelle mise au point est légitime ? Mon aspiration est d'ennoblir la photographie et d'inscrire sa particularité et ses usages dans les beaux-arts, en associant le réel et l'idéal, et par un dévouement total à la poésie et à la beauté, sans y sacrifier la vérité. (Lettre de Julia Margaret Cameron à John Herschel, 31 décembre 1864)
• Quand j'ai eu de tels hommes devant mon appareil photo, toute mon âme s'est efforcée à faire ce qu'il fallait pour eux, en enregistrant fidèlement leur grandeur intérieure aussi bien que leurs traits extérieurs. La photographie entreprise de cette façon devenait presque l'incarnation d'une prière.
• Lorsque nous sommes en colère ou en manque de créativité, nous perdons notre pouvoir. Nous permettons à d'autres de nous évaluer, et sommes en colère quand nous pensons ne pas être appréciés à notre juste valeur.
• Notre capacité d'émerveillement est le cadeau de notre attention.