MARC RIBOUD (1923 - 2016)

MARC RIBOUD
Qui ne se souvient pas de cette jeune Américaine tenant une fleur face à une rangée de baïonnettes pendant la marche pour la paix au Vietnam à Washington, en 1967? Ou de celle de ce peintre dansant en équilibre sur les poutrelles de la Tour Eiffel? Marc Riboud, ami d’Henri Cartier-Bresson, rejoint l’agence Magnum en 1953 avec Robert Capa pour parrain. Ce qu'il aime par-dessus tout, c'est se promener avec son appareil, se fondre dans le décor et capter la vérité. C'est un acharné du détail – ce petit plus qui nous permet de capter en un clin d’œil l’atmosphère, baignée de lumière et de quotidienneté. Il saisit "le" moment, décèle un regard, une émotion, un geste pris sur le vif. Donner une universalité à l’intime, c’est là tout l’art de Marc Riboud. Insatiable, ce grand photographe arpentait encore, à 87 ans, la planète pour saisir la poésie et la fantaisie de la vie. Il est décédé le 30 août 2016.
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Citations

  • J'ai toujours été sensible à la beauté du monde plutôt qu'à la violence et aux monstres. Découvrir des rimes et des rythmes dans mon viseur est encore un immense plaisir. Mes planches contact révèlent aussi des passions pour de nombreuses causes. Je ne le regrette pas. La vie serait si triste si nous ne rêvions pas de la changer! Il y a différentes façons de voir. J'ai la mienne. Pour moi, regarder et photographier une scène de rue ou un paysage de brume est un peu comme écouter de la musique. Cela m'aide à vivre. Après cinquante ans, ai-je changé ma façon de voir ? Je ne le crois pas. On change rarement. Je photographie des choses différentes de la même façon. Quand on me demande quelle est ma meilleure photo, je réponds: J'espère la faire demain, et j'essaierai de changer ma façon de voir. En vain. Les jeunes photographes innovent, je les admire.
    Pour moi, la photographie n'est pas un processus intellectuel, c'est un processus visuel.
    L'œil est fait pour voir et non pas pour penser. J'aime la définition que Walker Evans donne du photographe: un joyeux sensuel parce que l'œil manipule les sens et non les idées. Ce que je cherche est dans la vie, dans la réalité. La création pure, je n'y crois pas trop. Mon obsession: photographier le plus intensément possible la vie la plus intense. C'est une manie, un virus aussi fort pour moi que le réflexe d'indépendance.
    Et si le goût de la vie diminue, les photos pâlissent parce que photographier, c'est savourer la vie au 1/125e de seconde.
    Marc Riboud, juillet 2000