ÉDOUARD BOUBAT (1923 - 1999)

Edouard Boubat
Après des études de typographie et de graphisme, il exerce d'abord le métier de photograveur. Picasso l'encouragea à abandonner ce métier pour se concentrer sur sa propre photographie. Photographe à partir de 1946, il reçoit le prix Kodak en 1947. À partir de 1951, il parcourt le monde pour le magazine Réalités, mais garde une affection toute particulière pour Paris. Il devient indépendant en 1967 et rejoint l'agence Top-Rapho où il côtoie Robert Doisneau, Willy Ronis, Sabine Weiss... Il voue une grande admiration à Eugene W. Smith. Au cours des années 80 les récompenses se succèdent : grand prix du livre aux Rencontres d'Arles pour "La Survivance" en 1977, grand prix national de la Photographie en 1984 et grand prix de la Fondation Hasselblad en 1988. Il meurt d'une leucémie, en 1999. Amoureux et témoin des petits plaisirs du quotidien, Edouard Boubat, qui a consacré sa vie à saisir le bonheur avec humour et tendresse, peut sans conteste être compté parmi les grands représentants de la photographie humaniste française.
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Citations

  • Je n'ai jamais eu qu'une certitude, depuis la première fois où j'ai appuyé sur un bouton, et c'est que la photo n'est pas objective.
  • Dans la photo il y a toujours trop de choses, sauf quand elle est réussie.…
  • Finalement la photo est comme un baiser volé. Un baiser est toujours volé, même si la jeune femme est consentante. La photo est volée, mais un peu consentante.
  • Quand il se promène, le photographe voit le même spectacle que tout le monde. Mais lui, il va s'arrêter pour regarder.
  • Quelle folie de vouloir arrêter le temps et cependant, quelquefois, ça arrive : coups de foudre, regards. En route ! La chance du photographe, c'est de marcher et de flâner.
  • Toutes mes photos sont affaire de rencontres et de ​​coups de foudre. Pour faire ce type de photographie, il faut effacer le tableau, se préparer à des rencontres fortuites, être ouvert et conscient de ces moments-là, sinon cela devient un cliché, du déjà-vu et attendu.
  • Pour faire une photo, il faut que la plaque soit vierge, mais l'œil aussi. On dit "Naïf. Boubat est un naïf". Mais il faut quand-même une certaine naïveté pour avoir le regard neuf, et moi j'ai cette naïveté.
  • Aujourd'hui les photographes partent avec des idées, et leurs photos deviennent l'expression d'une idée. À mon avis une photo doit être en dehors de l'idée, dépasser l'idée.
  • On ne fait jamais plus de deux ou trois bonnes photos par an. [..] Il y a des jours où on se balade et on ne fait pas de photos, rien n'est au rendez-vous. Donc je refuse. Mais d'autres fois les choses me sont offertes, comme un cadeau. [..] Mais pour pouvoir le saisir, ce cadeau, il faut que j'y sois préparé.
  • II y a aussi un petit drame que nous subissons tous, par le fait que nous utilisons maintenant des appareils 24 x 36. Atget ne faisait qu'une ou deux plaques, et à chaque fois c'était de l'Atget. [..] Mais nous, notre drame, avec ces petits appareils 24 x 36, c'est que nous en faisons trop.
  • Le plus grand bonheur, c'est quand la photo devient une sorte de cadeau, celui de l'inattendu qui dépasse nos attentes. Je ne me pose pas la question de savoir si une photo est bonne ou mauvaise. Ce qui est important, c'est [..] que je saisisse quelque chose à la prise de vue et que je sois saisi après par cette chose.[..] Le plus important dans une photo, c'est qu'elle crève les yeux.
    entretien avec Thibaut Saint James - 1999
  • Ce qu'il y a de plus beau en photo, c'est le moment de la prise de vue. Au moment où je fais un portrait ou un paysage, Boubat n'existe plus. [..] Dans ce moment très court nous faisons partie d'un tout, nous ne sommes plus séparés du paysage, de la personne devant nous.
  • Je pense que les photographies que nous aimons ont été faites quand le photographe a su s'effacer. S'il y avait un mode d'emploi, ce serait certainement celui-là.
  • Faire de jolies photos n'est pas mon problème, même si j'aime parfois montrer des bouquets de fleurs, Mais qu'est-ce que ça veut dire, montrer un bouquet de fleurs ? Ça veut dire que le photographe sait que, derrière, il y a toute la misère du monde. A travers ce bouquet de fleurs, il va peut-être toucher autre chose.